Nom | MELK Suzanne | |
Année de naissance | 1908 | |
Année de décès | 1951 | |
Pays | France |
Activité(s) | Pilote |
Biographie |
C'est dans le petit village de BLUDESH, au coeur du Tyrol autrichien, que nait Jean MELK en l'an 1876. Orphelin de père à l'age de 7 ans, il se rend alors chez un oncle émigré à VESOUL. Intelligent et travailleur, il réussit dans ses études et développe la petite entreprise de son oncle. Il deviendra un entrepreneur réputé dans la région, et on fera appel à lui pour construire l'Eglise du Sacré Coeur de Vesoul, ainsi que celle de BESANCON. Marié, il aura 4 enfants: 3 filles et 1 garçon. Suzanne naitra le 17 mars 1908, et passera toute son enfance dans la propriété familiale de NAVENNE, véritable petit domaine agrémenté de sources, cascades, et bassins. Pendant la guerre, le vaste potager produira: tabac, betteraves à sucre, vin, etc... Mariée à un quincailler, Suzanne se morfond dans un univers qui ne lui appartient pas. D'une beauté fascinante, dotée d'une forte personnalité, pianiste virtuose, elle déconcerte son entourage. Après le décès de son jeune mari, elle épouse Jean Dreyfus. En 1935, Ils achètent pour 500 francs 2 "Hanriot 32", et en font retaper un avec lequel elle effectuera ses premiers vols. Elle fait alors partie du comité à l'origine de la création de l'aéroclub et de l'école de pilotage de Vesoul. Deux ans plus tard, elle obtient le brevet de monitrice. Attirée par la beauté des planeurs et les émotions fortes qu'elle ressent dans la recherche des courants porteurs, elle abandonne - pour un temps - l'avion à moteur. Elle devient en 1938 la quatrième française titulaire du brevet de pilote de vol à voile. A l'arrivée des Allemands en juin 1940, son mari - de confession juive - divorce pour la protéger, avant de se réfugier en Angleterre, puis en Amérique du Sud. La famille perd alors complètement la trace de Suzanne jusqu'au 8 mai 1945Engagée comme ambulancière, elle subit sans défaillance les terribles vagues de Stukas sur les routes de la débacle de 1940. N'acceptant pas la défaite, elle entre comme agent de renseignements dans le réseau de résistance BEARN, où elle effectue de dangereuses missions à travers les lignes ennemies. Elle ne croisera pas son frère Pierre, lui aussi dans la résistance, et qui sera grièvement blessé par une balle allemande reçue en pleine poitrine, le jour de la libération de Vesoul par les Américains. Pour ses prises de risques exceptionnels, sa conduite héroique, elle est l'objet de plusieurs citations de l'armée. Elle est en outre décorée de la Croix de Guerre, de la Médaille de la Résistance, et nommée Chevalier de le Légion d'honneur. La guerre ne lui fait pas oublier sa vocation première, et en 1945, elle rejoint les cadres navigants de l'armée de l'air à CHATEAUROUX, et devient pilote militaire. Sous les directives du commandant Perrier, chef de la célèbre patrouille d'Etampes,elle arrive vite à faire des présentations sur "Nord 1000". En pilotant le fameux "Dewoitine 520" - seule femme avec Elizabeth BOSELLI à l'avoir fait - elle soulève l'admiration de ses professeurs. Mais c'est la passion du vol à voile qui l'amène à quitter Chateauroux pour le centre national de vol à voile de La Montagne Noire. Les records Sous la houlette du chef-pilote Gourbeyre, grand spécialiste de la formation des moniteurs, elle confirme rapidement ses compétences. Après avoir réussi toutes les épreuves du brevet "D", elle veut tenter de battre des records. Le 9 septembre 1945 elle bat le record de France de durée sur monoplace, détenu jusqu'alors par la championne Marcelle CHOISNET. Le record atteint est de 13 heures 18 minutes. Les 5 et 6 octobre, elle bat son propre record en portant sa durée à 16 heures 44 minutes. L'année suivante, au centre de vol à voile de Saint Auban sur Durance, elle atteint l'altitude de 4200 mètres, battant ainsi le record mondial d'altitude. Mais faute de barographes performants (limités à 3500 m), le record n'a pu être homologué. De retour à La Montagne Noire, sur un biplace "Castel 242", Suzanne devient Championne du Monde de durée en circuit fermé, en 16 heures 3 minutes. C'était les 25 et 26 mars 1947. Les Etats-Unis En septembre 1947, à bord d'un Lockheed-Constellation, via Londres et Les Açores, Suzanne s'envole vers les Etats-Unis. Son principal objectif est de battre le record de distance détenu par une femme russe. C'est pourquoi elle quitte son pays, et sa famille à laquelle elle est très attachée, afin de trouver les courants puissants qui balayent les immenses plaines américaines. Elle est fascinée par sa nouvelle terre d'accueil,apprend rapidement l'anglais, et s'empresse d'obtenir un visa permanent. A NEW-YORK,elle découvre les immenses chantiers de construction où s'élèvent des gratte-ciel de plus en plus hauts, et évoque souvent son frère Pierre entrepreneur, les entreprises familiales, qui après Eglise, Hôtel de Ville,Hôpital...participent activement à l'effort de reconstruction du Vesoul d'après guerre. De Long Island, elle se rend en Floride en empruntant les autoroutes qui lui permettront, avec voiture et planeur en remorque, d'atteindre son but en 2 jours. Là, elle participe à de nouvelles compétitions, dont le "Florida Challenge Trophy of Sanford". Avec son nouvel appareil "AIR-100", elle totalise 128 points, contre 25 attribués à la championne américaine Virginia BENNIS. Avec ce score, elle passe devant tous les pilotes masculins, à l'exception de BRITTAIN qui remporte le trophée. Sa prestation lui vaut d'être portée en triomphe, et pendant que monte le drapeau tricolore dans le ciel de Floride, Suzanne suscite les cris de "Vive la France" sur fond de Marseillaise. Le lendemain, la presse américaine fait paraître les articles les plus élogieux à la gloire du vol à voile français qu'elle représentait avec tant de prestige. Malheureusement,En 1949, Suzanne rencontre des problèmes de santé, et doit se reposer. Elle séjourne à WASHINGTON, et profite de cette période de ralentissement d'activité pour s'adonner, avec ses amis, au plaisir de la voile dans la baie Chesapeake L'année suivante son mal s'aggrave, et elle doit se rendre à DURHAM en Caroline du Nord, pour se faire soigner par un grand spécialiste des maladies du sang: Walter KEMPNER, Docteur à l'Université DUKE.Un ami, Lou HOWARD, donne son sang à plusieurs reprises, et offre un rein...Hospitalisée,elle écrit à ses proches pour exprimer tout son regret d'être séparée à jamais des siens et de son pays. Mais elle n'est pas triste. Forte comme elle l'a toujours été, elle mène le combat contre la maladie donnant l'exemple de son courage jusque dans ses derniers instants. Entourée d'amis partculièrement dévoués comme:le Professeur J.J.DEMOREST et son épouse, qui l'assisteront pendant plusieurs mois, de jour comme de nuit,Lou HOWARD, le Docteur W.KEMPNER qui prendra à sa charge les frais d'hospitalisation, elle décédera le 4 février 1951, après avoir exprimé le désir de reposer en France. Son corps embaumé quittera les Etats-Unis le 23 février à bord du navire "Le Liberté", pour rejoindre son petit village de Navenne. Son souvenir reste à jamais gravé dans le coeur de tous ceux qui l'ont connue, séduits par ses qualités humaines d'exception. |
Sources bibliographiques | |
Autres sources | Pionnière du 20e siècle, Suzanne Melk, Christian Ravel, Le Magazine du Musée Régional de l'Air, n° 120, hiver 2014. |
Planeurs associés |
AVIA 40P Castel C-242 Arsenal Air-100 |
Liens sur la Toile |
Melk (dernière visite du site : 2014-12-30 CL) |
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